mercredi 19 décembre 2012

Les chiffres de la consommation de l'espace

Voici un lien pour visualiser les chiffres clés et les tendances de l'évolution de la biodiversité. 

On y trouve notamment la proportion du territoire métropolitain artificialisé. Malgré le réveil des consciences depuis plusieurs années, la courbe ne s'infléchit pas de façon significative.

Ce n'est pas tant le fait qu'il y ait des zones artificialisées qui pose problème mais bien le fait que cette consommation de l'espace augmente sans relation évidente avec l'accroissement de la population française.


Avec près de 10% du territoire perdu pour l'instant, jusqu'à quel point cela peut-il durer ?

 Y a t il un homme politique capable de répondre à cette question ?

vendredi 14 décembre 2012

Turlande mon amour ...

Ou comment un financement à base d'argent public va servir des intérêts privés, en l'occurrence ceux d'un accompagnateur en moyenne montagne.

Aujourd'hui s'est tenue une réunion sur un projet de via ferrata à Turlande où devait être présentée une étude d'incidences environnementale. Cette étude n'a visiblement jamais été présentée et pour cause ...

Le projet à Turlande n'est pas neutre sur le plan environnemental : ce site est un haut-lieu cantalien de l'ornithologie, en pleine Zone de Protection Spéciale pour les Oiseaux du réseau européen Natura 2000, il abrite entre autres un couple de Faucons pèlerins, plusieurs d'Hirondelles de rochers, un couple de Grands ducs et d'Aigles bottés à proximité. Les aménagements prévus en accès libre provoqueront immanquablement l'abandon du site par ces oiseaux protégés. Ça ne s'appellerait pas un truc du genre "perturbation intentionnelle d'espèces protégées" ?

Bientôt à Turlande ! Good bye Turlande.


Le projet de Turlande est inutile et redondant avec un site déjà sacrifié à proximité. En effet, le site de Turlande (commune de Pierrefort) se situe à seulement quelques encablures d'une via ferrata déjà en place sur la commune de Sainte-Genevieve-sur-Argence (Aveyron). Cette via ferreata existe depuis plus de 10 ans et a déjà impacté l'avifaune d'une des parties les plus sauvages du cours de la Truyère que les aménagements hydroélectriques ont miraculeusement épargnées.


Enfin, Turlande est un site historique et culturel, lieu d'un très ancien pèlerinage en la chapelle de Saint Robert de Turlande. La via ferrata et ce site pittoresque : mélange des genre un peu douteux quand même ...


Pour conclure, c'est encore un bien beau projet qu'on nous concocte. Ce projet ne semble en tout état de cause pas au bon endroit. Sans être contre des aménagements bien réfléchis, aux "bons" endroits et acceptables écologiquement, on peut logiquement s'inquiéter si chaque commune aménage son grand site touristique les dégâts aux écosystèmes seront incompatibles avec la préservation de l’environnement.  La valorisation touristique d'un site ne s'accompagne pas forcement d'aménagements. Il serait important de réussir à faire apprécier un simple sentier parmi les paysages somptueux des gorges de la Truyère.

jeudi 29 novembre 2012

On vous demande votre avis !

2 dossiers d'enquête publique à voir absolument :

  1. l’un pour leprojet Sablières prenant fin le 12 décembre (Centre Commercial aux frontières d’Ytrac)
  2. l'autre très attendu de la déviation de Sansac-de-Marmiesse, l'enquête publique préalable à Déclaration d’Utilité Publique ici (format pdf - 13.3 Mo) et ses Annexes (format pdf - 3.8 Mo).

Venez prendre part à ces enquêtes et indiquez votre opinion pour tenter d'influer sur les choix qui seront fait. N'hésitez pas à aller sur le site officiel des services de l'état ici.

Bonne lecture.

jeudi 22 novembre 2012

Invitation au voyage ...


Dans le cadre d'une mobilité soutenable, le voyage en vélo est idéal ...
"Pour être véritablement stimulant, un voyage, tout comme une vie, se doit de reposer sur une solide base d’insécurité financière. Sinon, vous êtes condamnés à une traversée routinière, celle que connaissent les gens qui jouent avec leurs yachts… les plaisanciers, comme on les appelle. Le voyage appartient aux marins, aux nomades de ce monde qui ne peuvent ou ne veulent pas rentrer dans le moule. Si vous envisagez un voyage et que vous en avez les moyens, abandonnez l’idée jusqu’à ce que la roue tourne. Alors seulement vous comprendrez ce que signifie le voyage. « J’ai toujours voulu naviguer sur les mers du Sud, mais je ne peux pas me le permettre. » Ce que ces personnes ne peuvent pas se permettre, c’est de ne pas partir. Ils sont empêtrés dans la discipline cancéreuse de la sécurité. Et ce culte de la sécurité nous enferme dans la routine : en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nos vies ont disparu. De quoi un homme a-t-il vraiment besoin ? Quelques kilos de nourriture chaque jour, un peu de chaleur et un abri, un mètre quatre-vingt dans lequel s’allonger… et une quelconque forme d’activité qui fournira un sentiment d’accomplissement. C’est tout. C’est tout, dans le sens matériel. Mais notre système économique nous fait subir un lavage de cerveau, et nous finissons enterrés sous une montagne de factures, de dettes, de gadgets innombrables et de jouets qui détournent notre attention de la plus pure imbécillité qu’est cette comédie. Les années passent à la vitesse de l’éclair, les rêves de jeunesse s’estompent, recouverts de poussière, sur l’étagère de la patience. Avant qu’on ne s’en aperçoive, la tombe est scellée. Mais alors, où est donc la réponse ? Dans le choix. Que préférez-vous : la faillite du porte-monnaie ou la faillite d’une vie ? "

Sterling Hayden

lundi 19 novembre 2012

La Santoire bientôt en tuyaux ?

Après les grandes rivières du Cantal (Truyère, Dordogne, Rhue, Cère, Maronne) c'est au tour du réseau secondaire de payer l'addition. La Santoire, cette magnifique rivière sauvage du Cantal vient d’être livrée aux pelleteuses.

Affluent de la Rhue, sur le bassin versant de la Dordogne, la rivière est classée en « bon état » écologique et en « réservoir biologique » par le SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) du bassin Adour Garonne.

La Santoire en aval de  Saint-Bonnet de Condat, là où les travaux sévissent. Bientôt un vieux souvenir...
 Contre l’avis de tous ses services, le préfet du Cantal a décidé le 30 octobre 2007 d’autoriser la construction d’une microcentrale.

L’Etat n'a pas été capable de préserver notre capital écologique remarquable, et a préféré la production de quelques kilowattheures. Après des décennies du tout électrique, on n'est pas prêt à réduire notre consommation d’électricité.

La préservation de ce joyau auvergnat n’intéresse a priori pas notre administration.

Le barrage devrait produire annuellement au mieux 0,5 % de la production hydroélectrique totale de la Dordogne, une rivière qui a déjà payé un lourd tribut ....

Les environnementalistes s’étaient mobilisés depuis 2004 pour sauver la Santoire avec Epidor, le Comité de rivière Dordogne, la Fédération de Pêche du Cantal, Dordogne Vivante et bien sûr la FRANE. Un recours avait été déposé sans succès. Le respect du Droit de l’Environnement n'est pas encore à la hauteur des défis que nous devrons relever.


En prenant exemple sur ce qui a été possible pour la « Loire vivante », il est plus qu''urgent que chacun s'interroge pour se (re)mobiliser pour que notre message se face entendre avec force afin de plus perdre dans ce genre de combat.


Barrage percé de la Bromme (12). Une rivière qui a retrouvé son cours naturel...



vendredi 16 novembre 2012

L'avenir du loup s'assombrit avec celui des Parcs nationaux...


Revenu naturellement en France en 1992, le loup est dans nos alpages et entend bien y rester.
Rien que pour 2011, on lui attribue la mort de près de 5 000 moutons et plus de 4 500 depuis début 2012. Pour une population estimée à 250 loups adultes répartis dans douze départements, cela fait un beau tableau de chasse. Conséquence : alors que la sauvegarde de l'espèce, protégée par la convention de Berne (1979) et la directive européenne Habitats, faune et flore (1992), a longtemps prévalu, les voix s'élèvent, de plus en plus nombreuses, pour demander son exclusion des alpages. Voire des parcs nationaux.
A l'issue de son conseil d'administration, tenu jeudi 18 octobre à Florac (Lozère), le parc national des Cévennes a ainsi décidé à la quasi-unanimité que la présence du prédateur n'était pas "compatible avec les techniques d'élevage mises en oeuvre sur le territoire du parc".
"BIODIVERSITÉ"
"Nos systèmes d'élevage produisent de la biodiversité. La présence du loup remettrait en cause cette biodiversité. Nous avons fait notre choix", a précisé son président, Jean de Lescure. Les administrateurs souhaitent la révision du plan d'action national sur le loup, la définition de zones d'exclusion et la possibilité de réaliser des tirs de défense dans la zone cœur du parc.
De quoi mettre du baume au coeur des éleveurs du Causse Méjean, en première ligne face au prédateur, qui ont créé début septembre un collectif demandant que"le loup disparaisse de Lozère". Et de quoi susciter l'indignation des défenseurs de la nature, qui rappellent que les coeurs des parcs nationaux représentent les seuls 0,5 % du territoire français où la faune et la flore sauvages sont strictement protégées.
Le parc des Cévennes, certes, présente des particularités : c'est le seul parc national français situé en moyenne montagne, et c'est le seul en métropole dont le cœur est habité et exploité par des résidents permanents. Sa prise de position n'en pourrait pas moins faire des émules.
"DÉBAT"
Dans un communiqué diffusé le 31 octobre, la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) des Savoie et les Jeunes agriculteurs de Savoie et Haute-Savoie annoncent ainsi avoir saisi le parc national de la Vanoise et les parcs régionaux du massif des Bauges et de la Chartreuse "pour qu'à l'instar de la position prise par le parc national des Cévennes, un débat ait lieu au sein de leur conseil d'administration". Débat jugé d'autant plus légitime qu'il s'inscrit dans le droit fil de deux récentes propositions de loi.
La première, déposée le 10 octobre à l'Assemblée nationale par une vingtaine d'élus UMP, vise à autoriser les éleveurs "à tirer sur tout loup menaçant leurs élevages", y compris au coeur des parcs nationaux.
La seconde, déposée le 16 octobre par une quinzaine de sénateurs RDSE, propose de créer des zones d'exclusion pour les loups, dans des limites définies chaque année par arrêté préfectoral, sur les communes "où l'on constate des dommages importants causant une perturbation de grande ampleur aux activités pastorales". Leur abattage y serait autorisé indépendamment du prélèvement défini au niveau national, sans toutefois "menacer la présence du loup sur notre territoire".
Ces propositions seront-elles retenues par le nouveau groupe national loup, dont la constitution a été arrêtée mi-octobre, et qui aura pour tâche d'adopter le plan national de gestion de l'espèce pour les années 2013-2018 ?
"Le nouveau plan loup devra s'inscrire dans une phase de gestion et de régulation, avec des objectifs d'élevage que nous voulons absolument préserver", a indiqué Delphine Batho, ministre de l'écologie et du développement durable, lors de la mise en place de ce groupe. Quelles que soient les modalités retenues, il est donc clair qu'une étape est en train d'être franchie. Et que la régulation des effectifs lupins est désormais à l'ordre du jour.
"A l'évidence, l'orientation principale du prochain plan loup est d'abattre le maximum de loups, sans annoncer aucune mesure supplémentaire de protection, ni de formation des éleveurs à l'utilisation des moyens de protection existants", s'insurge Jean-François Darmstaeder, président de Ferus.
TIRS "ÉDUCATIFS"
Spécialisée dans la défense des grands prédateurs (ours, loup, lynx), cette association ne s'oppose pas à des tirs "éducatifs", non létaux, de défense ou d'effarouchement. Mais elle demande qu'aucun tir de prélèvement ne soit autorisé dans le Jura, les Vosges et la Lozère : des zones, précise M. Darmstaeder, "où seuls quelques loups ont été signalés, ce qui signifie que leur recolonisation n'est pas encore terminée".
"Je peux comprendre que le loup n'ait pas sa place dans les estives, mais si on commence à le traquer dans le cœur des parcs naturels, alors où est sa place ?", s'interroge Pierre Athanaze, président de l'Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), pour qui "il faut changer en profondeur les méthodes pastoralistes et mettre en oeuvre des mesures de protection réelles pour les troupeaux".
Jusqu'où peut-on intervenir sur les populations lupines sans remettre en cause la survie de l'espèce sur notre territoire ? Jusqu'où peut-on transformer les pratiques d'élevage sans dénaturer le métier des pastoralistes ? Comme le souligne Antoine Doré, sociologue à l'Institut de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (Irstea), il revient aux politiques publiques"d'inventer les dispositifs de négociation prenant à bras-le-corps de telles questions, afin de rendre possible l'instauration collective d'un "compromis supportable"". Faute de quoi la cohabitation du loup et de l'agneau deviendra impossible.


Un peu de pub !

Nous vous proposons de découvrir ce site  La gazette des alpages qui étaye les propos tenus notamment sur les accidents de chasse dans le livre de Pierre Athanaze.

Et bien sûr, penser à jeter un œil à nos liens utiles...

Bonne lecture...

mardi 13 novembre 2012

Le Livre noir de la Chasse



Pierre Athanaze est un naturaliste militant. Président de l'Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS), il a par la passé été membre du Conseil National de la Chasse (CNCFS) et administrateur de l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) pendant 10 ans. Autant dire qu'il connaît mieux que personne le monde de la chasse à la française. Il l'a vécu de l'intérieur et il en connaît tous les rouages, les travers. Le livre noire de la chasse qu'il nous livre ici fait le point sur ce lobby par la force de l'exemple, du cas concret et du fait avéré. En voici quelques passages et résumés qui illustrent son propos.

LA PRATIQUE OFFICIELLE DE LA CHASSE EN FRANCE
Dans cette partie, on découvre l'absence de statut pour les animaux sauvages. Ils sont soit chassables, soit protégés ou soit nuisibles. Mais surtout, ils n'appartiennent à personnes et de ce fait ils ne sont pas considérés comme des êtres sensibles. Les animaux domestiques eux le sont et bénéficient de lois qui les protègent de tout acte malveillant. Ce n'est pas le cas de la faune sauvage.

Avec 90 espèces, la France a le triste record européen du nombre d'espèces chassables sur son territoire, loin devant le second, le Danemark qui n'en a que 70, puis l'Allemagne avec 50. Comment justifier une telle différence ? Comment justifier que dans d'autres pays les espèces que tuent les chasseurs français sont protégées ? Où est la cohérence ?

L'âge moyen du chasseur ne cesse d'augmenter en France avec en parallèle un nombre de pratiquant en diminution continue depuis 40 ans. Aujourd'hui, avec 1,7 millions de pratiquants, cela représente une baisse de 50% en 35 ans. La France reste le pays qui possède le plus grand nombre de chasseurs en Europe mais ces derniers ne représentent que 1,9% de la population française soit une écrasante minorité.

De plus, avec les espèces chassables et dites nuisibles, le chasseur français peut pratiquer son loisir tout au long de l'année ce qui est encore une particularité unique en Europe.

L'organisation de la chasse
L'ONCFS est en partie financé par la taxe sur la redevance cynégétique et par le ministère de l'écologie. Il est censé encadré la pratique de la chasse en France mais dans les faits, il est géré par un Conseil d'Administration (CA) où les chasseurs sont majoritaires. Cette collusion entre chasseurs et administration est également à la base des dérives de cette activité.

La réalité de la pratique de la chasse en France
Dans la pratique, la chasse s'illustre bien souvent dans le dénie de démocratie et le non respect des lois comme par exemple le non respect de la non chasse en période de reproduction et de migration prénuptiale de certaines espèces listées par la Directive européenne « Oiseaux ». A de nombreuses reprises, la France est d'ailleurs condamnée par la cour de justice européenne pour le non respect de cette directive ce qui coûte aux contribuables des centaines de milliers d'euros chaque année.

La loi « Chasse » de 2000 tente de moderniser la pratique de la chasse mais ces réformes furent toutes annulées par Roselyne Bachelot dont notamment le mercredi sans chasse.

La chasse n'est pas un gage de bonne gestion de la faune comme voudraient nous le faire croire les chasseurs. De nombreux animaux vulnérables sont toujours chassés comme la Caille des blés, l'Alouette des champs, le Tétras lyre, le Grand Tétras, le Pigeon colombin ou le Canard chipeau. Pour ne reprendre que ce dernier dont la femelle est largement confondue avec celle du Canard colvert, les populations ont chutées de 20 à 50% selon les régions entre 1970 et 2000. Il serait urgent de retirer cette espèce de la liste des chassables.


Des prélèvements qui dépassent la raison
L'un des chiffres les plus parlant de ce ivre est certainement celui du prélèvement total en France : d’après un article publié dans une revue allemande très sérieuse (in Berichte zum Vogelschutz), il est tué en France près de 25 millions d’oiseaux, soit le ¼ des oiseaux tués dans toute l’Europe chaque année. La France est de très loin devant les 26 autres pays de l’UE, le pays du plus gros prélèvement d’oiseaux. Les résultats de cette étude sont vérifiés si on les compare avec les derniers chiffres officiels des prélèvements français qui d’ailleurs commencent à dater puisqu’il faut remonter à la période 1998-1999 pour les trouver.

Ce chiffre imposant est en plus à mettre en parallèle avec le fait que ces prélèvements sont en baisse constante depuis la précédente campagne de chiffres officiels.Les grives étaient 4 fois plus chassées en 1983-1984 qu’en 1998-1999. Pour les cailles c’était 2 fois plus en 83-84. 15000 Tétras lyres étaient tués à la chasse en 83-84 et seulement 1134 entre 1998-1999.
De ce fait, la chasse est la principale cause de mortalité des oiseaux dans notre pays sans parler des mammifères.

La chasse gestion où chasse consommation ?
Les chasseurs défendent leur loisir en prétendant que la chasse serait un outil de gestion indispensable des populations animales. Comment auraient donc fait les animaux sauvages avant l’invention du fusil de chasse pour rester équilibrés ? Si on ne tuait pas 4.5 millions de grives par an, quel serait le déséquilibre dans la nature ? Si la chasse épargnait chaque année le million de bécasses, les lombrics dont elles se nourrissent disparaîtraient-ils ? Bien sûr que non. Il n’existe quasiment pas d’espèces qui ne s’autorégulent pas, ni de cas où l’absence de prédateurs engendrerait des surpopulations. L’exemple du canton de Genève est une démonstration bien encombrante pour les chasseurs. Les espèces s’autorégulent en l’absence de chasse et ce depuis des dizaines d’années sans qu’il y ait eu de pullulation d’animaux. La seule espèce posant des soucis est le sanglier venant des cantons voisins mais nous verrons au chapitre suivant que cela est encore du à la chasse et les pratiques qui l’accompagnes.

Les cocottes rapportent du fric
Il existe un écart énorme entre l’image de la « chasse gestion » que tente de mettre en évidence les institutions cynégétiques et l’image plus réaliste des « lâchers de tirs » qui va à l’opposé du discours officiel. En effet, ce sont des millions de canards, des centaines de milliers de lièvres, de lapins de garenne qui sont lâchés chaque année. Cette chasse commerciale rapporte beaucoup d’argent à la fédération Nationale des Chasses Professionnelles (FNCP) et au Syndicat National des Producteurs de Gibiers (SNPGC). Faut dire que le lobby des éleveurs de gibiers est assez puissant puisqu’il est arrivé à prolonger la période de chasse aux faisans juste pour pouvoir écouler les « stocks ».
De plus, loin de l’objectif de gestion des équilibres naturels, les carnages occasionnés sur les animaux lâchers ne sont faits que pour pouvoir assouvir un instinct de mort peu avouable. Les animaux lâchers sont d’ailleurs d’origine génétique douteuse comme le « cochonglier » issu du croisement entre le cochon et le sanglier. Cet hybride est plus gros et plus prolifique que le sanglier sauvage ce qui augmente les dégâts aux cultures. D’ailleurs, bien que cette notion n’est aucun fondement écologique, d’après les mêmes critères couramment utilisés par les chasseurs, le cochonglier devrait classée « nuisible ».

La souffrance animale et les accidents mortels dus aux « saigneurs »
La souffrance animale n’est pas en reste dans ce livre. Le déterrage du Blaireau semble bien archaïque en France puisque l’espèce est protégée dans de nombreux pays européens. L’auteur signale que cette souffrance animale n’est jamais prise en compte par les chasseurs tout comme l’insécurité due à la pratique de la chasse entre chasseurs et entre chasseurs et non chasseurs. Ce sont en effet, des dizaines de morts chaque année. Les pouvoirs publics ont fait des efforts sur la sécurité routière et le respect du droit ce qui contraste étrangement avec le laxisme accordé aux chasseurs. La majorité des accidents arrivent le dimanche, jour de loisir de plein air pour une immense majorité de français.

Données issues de l'ASPAS pour la saison 2011


La chasse est l’activité de loisir dont la réglementation sur la sécurité est la moins contraignante et ce de moins en moins. Par exemple, il n’existe plus depuis 2008, de distance de sécurité règlementaire interdisant de chasser à proximité des maisons. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la sécurité liée à la pratique de la chasse est uniquement règlementée par les chasseurs eux-mêmes, département par département un peu comme un code de la route variable selon les départements et instauré par une minorité de chauffards. Pour en savoir plus cliquez ici.

Les chasses dites traditionnelles
L’auteur examine également toutes les chasses traditionnelles et leurs travers. Il souligne le fait qu’il n’existe aucun bilan chiffré sur la tenderie aux grives ni sur les tendelles en Aveyron et Lozère et que la chasse à la glu n’est pas sélective. Alors que la commercialisation est interdite, que deviennent les millions d’alouettes attrapées chaque année lorsqu’elles sont chassées « aux pantes » ?

Le cas du sanglier
Dans une démonstration appuyée par de nombreux faits, le cas de la gestion calamiteuse des sangliers est détaillé. Avec la manne financière qu’il représente malgré les dégâts qu’il occasionne, le « cochonglier » est aussi l’argument numéro un des chasseurs pour expliquer que la chasse est indispensable. Pourtant les chasseurs sont totalement responsables de cette surpopulation. De 50 000 abattus à la chasse en 1975, on est passé à 700 000 aujourd’hui. Les lâchers des années 70-80, les lâchers clandestins, l’agrainage et une gestion volontaire de la surabondance de cette population qui assure aux sociétés de chasse de gros revenus par la vente de cartes de chasse à la journée ont induit l’explosion des populations de sangliers dans toute la France. L’interdiction de l’agrainage serait une mesure efficace pour lutter contre cette prolifération. L’agrainage permet aux marcassins de mieux survivre les premières années. Comme les cochongliers sont plus gros et donc plus lourds que les sangliers sauvages non hybrides, ils augmentent d’autant plus les dégâts aux cultures.

santé publique et espèces dites nuisibles
L’acharnement des chasseurs sur les espèces qu’ils aimeraient voir classées nuisibles est symptomatique des dérèglements qui entachent la pratique de ce loisir.

Les arguments souvent utilisés pour classer nuisible un animal est la lutte pour la santé publique contre les maladies transmises par la faune sauvage aux humains ou aux animaux domestiques. Pas de chance, puisque les millions de tonnes de plomb issus des cartouches des chasseurs représente un risque majeur de saturnisme et de contamination des nappes phréatiques et donc du réseau d’adduction d’eau potable des foyers.

Le Blaireau par exemple peut potentiellement être vecteur de maladie comme la tuberculose bovine tout comme le cerf ou le chevreuil. Faut-il classé également ces espèces dans les nuisibles ?

L’échinococcose est certes potentiellement véhiculée par le renard tout comme le chien domestique et les autres animaux des fermes. Faut-il piéger les chiens domestiques pour autant ?

De plus, d’après l’Agence Française de Sécurité Sanitaire (AFSSA), tirer les animaux susceptibles d’être vecteurs ne sert à rien. Tuer un animal induit une niche écologique qui se libère bientôt colonisée par un autre individu ce qui provoque un flux d’individus et donc la propagation potentielle de maladies. Ce qui va à l’encontre de l’objectif initial.

Pire, dans la pratique, les chasseurs abandonne bien souvent les cadavres des animaux, les viscères dans la nature ce qui pour le coup représente un risque bien réel de contamination et d’épizootie. Dans un bulletin de juin 2007 de l’AFSSA, il est mentionné que les chasseurs, par ces pratiques, sont reconnus pour être la principale source d’infection à Mycobacterium bovis, l’agent de la tuberculose bovine.


Le braconnage de la faune
Dans cette partie Pierre Athanaze nous décrit les cas de grands braconnages organisés sous l’œil passif sinon bienveillant des pouvoirs publics pendant des dizaines d’années. L’exemple des Tourterelles des bois dans le Médoc, ou le braconnage des migrateurs hors période de chasse au col de l’Escrinet y sont détaillés avec force. Tous ces cas sont des flagrants délits de non respect de la loi, du droit de propriété et du droit européen. Comment ne pas faire un parallèle entre cette compromission des pouvoirs publics laxistes visiblement sous le joug du lobby de la chasse et les moyens disproportionnés mis en œuvre contre les quelques faucheurs d’OGM et la répression dont ils ont fait l’objet ? Aurait-il fallu que les faucheurs soient armés et aient en poche un permis de chasser pour que les préfets concernés les laissent agir ?

Conclusion
Pierre Athanaze démontre que la chasse n’est pas indispensable au maintien des équilibres écologiques. Les écosystèmes étaient équilibrés bien avant l’apparition de l’homme et jusqu’à ce qu’il invente les armes. Dans notre monde bouleversé par nos activités industrielles, nos infrastructures, les équilibres naturels n’ont pas plus besoin de la chasse, bien au contraire. La preuve est apportée par la réalité des équilibres des populations animales du canton de Genève déjà cité mais également de bien d’autres exemples.

Si la chasse persiste c’est uniquement dans un but de loisir, voire de culture. Rien d’autre, n’en déplaise aux dirigeants de la chasse qui voudrait la voir comme un moyen de gérer la nature. Se pose alors la question du maintien de ce loisir si néfaste pour la nature et pour la santé publique. Pour libérer les 98% de non chasseurs pris en otage en France, un referendum serait une bonne solution démocratique.

Pierre Athanaze propose ensuite les mesures d’urgence à mettre en œuvre pour limiter les nuisances de ce loisir : le dimanche sans chasse, les mesures de sécurité nationales et un panel de sanctions proportionnées aux manquements aux règles de sécurité pour les chasseurs, les contrôles ponctuels d’alcoolémie et acuité visuelle, un périmètre de sécurité sans chasse autour des habitations et grandes voies routières et ferroviaires, l’interdiction de l’agrainage des sangliers, la création d’un statut juridique pour la faune sauvage en la reconnaissant comme des êtres sensibles, le bannissement du prosélytisme de la chasse dans les écoles, la protection et la prise en compte du caractère dérangeant pour la faune sauvage induite par la pratique de la chasse dans les phases critiques du cycle de vie des espèces (migration, grands froids, canicules …).

Notre environnement continue à se dégrader. Or l’interdiction de la chasse sur des espèces comme les rapaces a été bénéfique ; la preuve que l’arrêt de la chasse est une bonne mesure pour les espèces menacées. La chasse n’étant plus qu’un loisir très néfaste pour les espèces et les milieux et que la protection de la nature et de l’environnement est l’une des principales préoccupations des français, combien de temps encore l’administration française, les pouvoirs publics et la classe politique continueront-ils de soutenir cette chasse ?

Au vu de ce livre, la chasse apparaît complètement en décalage avec la réalité et les aspirations nouvelles de la société française d’aujourd’hui. Sa réforme serait un minimum indispensable.

Maintenant pour vous féliciter d'avoir lu ce message jusqu'au bout, rigolons un peu ...

lundi 29 octobre 2012

Qui sont les blaireaux ?

L'arrêté ministériel fixant la liste des animaux classés nuisibles fait enrager les chasseurs de la France entière.
Les mustélidés y ont été retirés. C'est une victoire pour les défenseurs de la nature.


A contre courant des fédérations départementales et régionales des chasseurs qui tentent de rameuter dans la presse locales et faire remonter les soi-disant innombrables constats de dégâts de Blaireau, un rapport scientifique (lui) consultable ici Rev. Écol. (Terre Vie), vol. 67, 2012., nous informe que la population de ce mustélidé omnivore est parfaitement conforme avec le biotope de l'Auvergne.


Il n'y a donc aucune pullulation avéré en cours ni aucune raison de souhaiter sa destruction.

Les chasseurs nous annoncent dans un article de La Montagne que le Renard est vecteur de maladies comme l'échinococcose, peut-être oui !! et alors, le chien, le chat, la vache la véhiculent également. Faut-il pour cela classer également ces animaux domestiques en espèces nuisibles ? NON bien évidemment.

Blaireau européen piégé illégalement par un piège en X sur la commune de Brageac (Cantal). Ce type de piège tueur est totalement interdit car il n'est pas sélectif (il pourrait tuer des espèces protégées ou des animaux domestiques) et pourrait vous emporter un membre...


vendredi 15 juin 2012

Victoire !! Le plus grand rassemblement de quads de l'été interdit par la Préfecture du Cantal


Il faut dire que cette affaire du « Quad Festival : l’événement Quad de l'année » était mal engagée. Préparée en catimini de longue date, elle n’était révélée à la mi-avril que grâce à la vigilance de quelques adhérents de la FDANE Cantal, relayés en mai au niveau national grâce à l'un des observateurs du réseau "Silence". Dans un premier temps, les organisateurs s’étaient vus refuser le soutien des villes et sites qu’ils pensaient séduire. Ce n’est que lorsque  la petite commune de Coltines dans le Cantal consentit à mettre à leur disposition son aérodrome que le projet prit forme.
Renseignements pris, il s'agissait d'une énorme manifestation motorisée dans la région de Saint-Flour, regroupant plus de 600 quads auxquels on ouvrait 800 km de randonnées à travers les montagnes du Cantal et de la Haute-Loire. Les monts du Cantal, du Cézallier, la Margeride, la Truyère, tous ces secteurs étaient concernés... Un salon des constructeurs et accessoiristes était évidemment prévu en parallèle.
Les dates de l’événement : du 22 au 25 juin 2012 ;les organisateurs : « Quad Baroud raids et randonnées » et « Globe Trotter Organisation », avec le soutien du Codever et d'une pléiade de fabricants d’engins motorisés.

Avec moins d'un mois pour agir, notre réseau s'est alors mobilisé : adhérents locaux bien sûr, mais aussi associations partenaires. C'est ainsi que la Fédération de la Région Auvergne pour la Nature et l’Environnement, la Fédération départementale pour la Nature et l’Environnement du Cantal (FDANE), la Commission nationale pour la protection de la Montagne de la FFCAM et Mountain Wilderness France saisissaient la Sous-préfecture de Saint-Flour. En parallèle, la FDANE écrivait aux principaux maires concernés pour qu'ils refusent la traversée de leurs chemins communaux par la manifestation au regard des impacts sur l'environnement de ce type de manifestation. Les itinéraires proposés par les organisateurs sillonnent en effet nombre de zones d’intérêt pour la faune et la flore. Rien qu'en ce qui concerne le réseau Natura 2000, ce sont trois zones de protection spéciales (ZPS) et six zones spéciales de conservation (ZSC) qui sont concernées par les itinéraires du ‘Quad Festival’.

L'organisation d'une telle manifestation nécessite des démarches administratives répondant aux dispositions du Code du sport. Dans le cas d’espèce, au vu du nombre de participants et de la nature des parcours, c'est bien une autorisation en bonne et dûe forme que les organisateurs auraient dû solliciter du Préfet.
Les organisateurs auraient également dû fournir une étude des incidences sur l'environnement des sites Natura 2000 concernés.[1]
Toutes ces démarches doivent être faites dans un délai de deux mois avant la date prévue pour la manifestation.

Lorsque nous avons interpellé les services de l’État, les organisateurs n'avaient encore engagé aucune démarche. Ce n'est que plus tard qu'ils ont fait parvenir à la Sous-préfecture de Saint-Flour un dossier très incomplet, trop tardif, minimisant de manière spectaculaire l’événement par rapport à la publicité qui en était faite sur leur site Internet, et surtout, ne répondant pas aux exigences de prises en compte de l'environnement imposées par la réglementation.

La Préfecture du Cantal a donc rejeté la demande de l'organisateur, pour ce double motif du non-respect du Code du sport et de non-respect du Code de l'environnement. Des dispositions seront prises sur le terrain pour faire respecter cette décision.

Nos associations se réjouissent de cette issue et rappellent que la preuve est faite que ces manifestations dites « encadrées » sont un tremplin pour des pratiques individuelles toute l'année, sur tout le territoire.
Comme le disait le Directeur de la nature et des paysages au ministère de l’Environnement au moment  de l'adoption de la loi régissant les loisirs motorisés :  « L’élaboration d’une loi correspond à un besoin social et aux nécessités de l’intérêt général. La loi sur la circulation des véhicules terrestres dans les espaces naturels a voulu répondre à une forte attente : compléter les dispositions de la loi de protection de la nature en évitant aux espaces naturels les dommages supplémentaires liés à la circulation non maîtrisée des véhicules à moteur. »
Nous sommes reconnaissants aux représentants de l’État dans le Cantal de s'en être souvenus.

Avec le soutien de nos partenaires : 


[1]          En vue de préserver l’intégrité des sites Natura 2000, le droit communautaire (article 6 de la Directive « Habitats, faune, flore ») prévoit en effet que les projets susceptibles d’affecter un site Natura 2000 doivent faire l’objet d’une évaluation appropriée de leurs incidences, au regard des objectifs de conservation du site. Le principe de l’évaluation des incidences est d’anticiper pour mieux préserver : prévenir d’éventuels dommages, vérifier en amont que les projets ne portent pas atteinte aux habitats et espèces d’intérêt communautaire présents, redéfinir le cas échéant les projets afin d’éviter de telles atteintes. Ce dispositif communautaire a été transposé dans le droit français, aux articles L 414-4 à L414-7, et R414-19 à R414-26 du code de l’environnement.

jeudi 7 juin 2012

Chanzac, le carrier ne pourra pas exploiter la carrière de basalte


Phase 1 : la face cachée : lancement du projet.
Afin d’assurer son développement, la société CARRIERE MONNERON envisage d’ouvrir une nouvelle carrière d’exploitation de basalte au début des années 2000. Elle met son dévolu sur le site de Chanzac, commune de Sainte Anastasie où se situe une ancienne carrière dont l’exploitation artisanale s’est arrêtée depuis plusieurs dizaines d’années. C’est à cause de ce choix que le bas blesse, d’autant que le carrier veut maintenir son activité de concassage sur le site actuel : Laval, sis sur la commune de Neussargues à 7 km de Chanzac.
Phase 2 : les concertations : une intransigeance certaine du pétitionnaire
Le projet est dévoilé tardivement au public à la fin de 2005 : un projet sur 14 hectares (situé à moins de 150 mètres des premières maisons de Chanzac !), portant sur une exploitation de 210 000 tonnes par an. Volume transporté, une première fois, sur les 7 km qui séparent Chanzac de Laval sur la route départementale 679 qui traverse le bourg de Sainte Anastasie multipliant au moins par 4 le nombre de véhicules lourds devant traverser le village. Ce projet porte à 3 le nombre de carrières d’extraction de basalte dans la vallée de l’Allanche qui est pourtant située dans le PNRVA et qui est classée en ZNIEFF de type 1 pour la richesse de sa biodiversité et la présence de plusieurs espèces protégées. Quatre mois après la présentation aux habitants, la société CARRIERE MONNERON dépose sa demande en préfecture. La population portée par une association(1) (BVSA) soutenue par la FRANE, réagit très fortement. Un épais dossier est fourni au Commissaire Enquêteur (CE) lors de l’enquête publique qui se déroule en mai-juin 2006, finalement le CE donne un avis favorable tout en reconnaissant que la traverse du bourg pose de nombreux problèmes de sécurité auxquels il faudra remédier. L’opposition au projet est très active, de nombreuses actions sont menées, les élus et les services de l’état sont rencontrés (DREAL, Préfet,…). Une période de concertation (2 années) s’engage afin de trouver des solutions (utilisation de la voie ferrée désaffectée, recherche d’un autre site, …), sans succès.
Malgré l’avis favorable de la commission carrière, le préfet du Cantal refuse le 4 septembre 2008 à la société CARRIERE MONNERON, l’autorisation d’exploiter une carrière sur le site de Chanzac.
Phases 3 : des décisions de justice à rebondissement
3-1 La société CARRIERE MOMMERON fait recours auprès du Tribunal Administratif de Clermont-Ferrand de la décision du préfet. Le TA de Clermont-Ferrand lui donne raison le 5 mai 2009, estimant que le refus n’était pas assez argumenté et donne l’ordre au préfet de reprendre un arrêté mieux argumenté.
3-2 Le préfet prend un arrêté le 10 juillet 2009 autorisant la société CARRIERE MONNERON à exploiter une carrière de basalte sur le site de Chanzac. Cette décision est prise alors que le préfet a connaissance de la présence de deux espèces végétales protégées sur l’emprise de la carrière : l’Orchis punaise (protection nationale) et la Carline à feuilles d’acanthe (protection régionale). De façon surprenante, la DREAL présente à la commission carrière, donne un avis favorable au projet en l’état, alors qu’elle n’ignore pas la présence des stations d’espèces protégées qui disparaîtront lors de la première phase d’exploitation. Le carrier s’empresse à prendre possession des lieux, les premiers camions circulent en septembre.
3-3 L’association BVSA s’associe à la commune de Sainte Anastasie pour faire un recours de la décision du préfet, auprès du TA de Clermont-Ferrand. Parallèlement, des propriétaires voisins du site d’exploitation font la même démarche. Ce recours aboutit à l’annulation par le TA de Clermont-Ferrand, de l’arrêté d’autorisation le 16 juillet 2010. Trois moyens dont soulevés :
  • La faiblesse de l’étude d’impacte qui ignore l’activité de concassage sur le site de Laval,
  • La présence d’espèces protégées ignorées par le préfet,
  • Le projet est de nature à rompre l’unité de la ZNIEFF.
Le carrier arrête l’extraction mais maintient son activité durant plusieurs mois en transportant les quelques milliers de tonnes qu’il avait arrachées à la falaise à coup de dynamite alors qu’il connaissait la décision de justice, mais qu’il n’avait pas encore reçu l’assignation !
3-4 La société CARRIERE MONNERON fait appel de la décision du TA auprès de la Cour Administrative d’Appel de Lyon. Appel rejeté le 24 avril 2012. En effet, la CAA de Lyon a basé son rejet sur l’absence d’étude d’impact cumulée (Chanzac et Laval), qui était obligatoire du fait de leur proximité et connexité (article 3 du décret n°77-1133 du 21 septembre 1977).
La société CARRIERE MONNERON ne dispose pas d’autorisation d’exploiter le basalte de Chanzac.
Sur ces dix années, plus de cinq auraient du être consacrées à rechercher une solution plus respectueuse de l’environnement humain et du milieu naturel. Certains à la commission carrière avaient préféré baisser les bras, d’autres ont fait passer l’intérêt d’un industriel avant l’intérêt des habitants de toute la vallée de l’Allanche. La prise en compte des arguments des uns et des autres est longue mais aurait abouti à un consensus qui aurait pu éviter un tel gâchis !
(1) BVSA est membre de la FDANE


lundi 21 mai 2012

Les causes de mortalité des loups français en 2011

12 cas de mortalité de loups ont été constatés en France en 2011. Afin d’en découvrir les causes, des autopsies ont été réalisées sur les cadavres. Les résultats sont les suivants :
• 2 loups sont entrés en collision avec des véhicules ;
• 3 sont décédés de mort naturelle (chute) ou d’origine inconnue ;
• 3 ont été prélevés légalement dans le cadre des prélèvements réglementaires ;
• et enfin, 5 loups ont fait l’objet d’actes de braconnage.

Notons qu’un jeune loup mâle a été retrouvé mort des suites d’une collision ferroviaire dans la Drôme. L’autopsie révèle que son estomac contenait plusieurs centaines de grammes de raisins, preuve du comportement alimentaire opportuniste des loups. [B. de P.]

d'après Y.L. [2011]. Douze cas de mortalité recensés en 2011. ONCFS, Bulletin loup du réseau Loup/Lynx 26 : 2 (1 p., 1 tab.).

Loup braconné près de Valence (photo ONCFS)



Le braconnage constaté par les forces de police de la nature est d'ores et déjà la première cause de mortalité du loup en France. Si l'on rajoute la part de braconnage non constatée (que l'on imagine plus importante que celle officielle) on estime que cet acte de vandalisme prélève à lui seul plus de 50% de l'accroissement de la population chaque année.

Nos sources d'informations nous laissent penser qu'au moins 3 loups ont été braconnés en Auvergne ces 6 dernières années : 1 dans les Monts du Cantal entre 2009 et 2010, 1 en Margeride en 2006 et 1 autre dans le même secteur en 2011.

vendredi 20 avril 2012

Focus sur la consommation d'espace

« Celui qui croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste "? (Kenneth Boulding (1910-1993), président de l'American Economic Association.)

Une nouvelle page sur le blog vous propose de jeter un œil sur la destruction des milieux naturels sur l'autel du développement et de l'aménagement du territoire, sur l'artificialisation des sols du Cantal, la consommation de l'espace.

Rendez-vous donc sur cette page...

dimanche 15 avril 2012

La souffrance animale à l'ordre du jour de la prochaine CDCFS du Cantal ...

Mardi prochain, la FDANE Cantal devra lutter contre la souffrance animale en commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS), non pas comme le propose une certaine candidate à l'élection présidentielle, mais avec toute l'opiniâtreté dans le débat que nous avons toujours mis à combattre cette vision rétrograde qui consiste à croire que certains animaux seraient "nuisibles".

Comment peut-on encore croire que des êtres vivants issus de millions d'années d'évolution, puissent être nuisibles ? Le plus élémentaire cours de biologie enseigne les liens qui unissent les espèces dans cette chaîne pour la vie. Pourtant, si un animal sur Terre peut se prévaloir de cette adjectif de nuisible, c'est bien cette espèce à deux pattes bien décidée semble-t-il à se détruire ainsi que le maximum de vie dans son sillage...

Des exemples bien connus démontrent l'inutilité de ces destructions souvent non sélectives (qui ne s'adresse pas à une seule espèce). Le canton de Genève n'est plus chassé depuis des année et pourtant il abrite une faune et une flore diversifiées, entre culture et forêts naturelles et aucunes pullulations dévastatrices, ni dégâts incompatibles avec nos sacro-saintes activités humaines, n'ont été constatés.


Le département du Cantal a fait l'objet d'un travail exemplaire d'associations pour la protection de l'environnement (FNE, ASPAS, LPO notamment). Par les tribunaux, elles ont réussi à casser successivement les arrêtés départementaux de classement des animaux dits "nuisibles". Aujourd'hui cette liste encore trop longue, est réduite à 3 espèces : le Renard, le Ragondin et le Rat musqué.

Pour mémoire, la loi précise qu'avant d'en arriver à mise à mort d'un animal inscrit sur la liste, cette extrémité doit être envisagée uniquement en cas (attention : les "et" ne sont pas des "ou") :
  1. de dégâts "significatifs" sur les activités économiques (les poulaillers des particuliers ne sont pas concernés), 
  2. et de pullulation avérée par des méthodes scientifiques de suivi (et non pas en haranguant dans la presse locale les populations à transmettre les plus petits dégâts pour faire grossir artificiellement les plaintes contre ces dit "nuisibles"), 
  3. et après avoir épuisé toutes les méthodes alternatives pour éviter ces dégâts (par la pose de clôtures, la fermeture des accès au animaux extérieurs, la mise en place d'effarouchement, etc) et en ayant constaté leur inefficacité.

Certains considèrent que le Renard ne vaut pas grand chose. C'est un point de vue ! Ce qui est sûr c'est que sa vie n'a pas de prix et son rôle est primordial pour l'équilibre des écosystèmes qu'il fréquente. Juste un chiffre : 3000 c'est le nombre potentiel de rongeurs qu'un renard peut consommer en une année... voilà un auxiliaire de lutte contre les pullulations de rongeurs plus qu'efficace. Les agriculteurs devraient lui élever un mausolée.

Pullulation de Campagnols agrestes après la destruction des prédateurs dont le principal : maître renard.

Espérons que nos chasseurs, tout motivés qu'ils sont de se faire reconnaître comme des protecteurs de l'environnement, se décident enfin à devenir plus responsables.

La destruction des "nuisibles" est une manifestation de plus de la barbarie que notre espèce est seule capable d'exercer aux dépens des autres espèces.

Ça n'a que trop durée.

Barbarie, ce mot n'est pas trop fort quand on voit les photos de renards écorchés ci-dessous et ci-contre (diaporama). N'oublions pas qu'elles ont été prises dans le Cantal récemment !!



L'un des arguments des piégeurs pour tuer ces renards est la lutte contre la propagation de maladies (qui sont d'ailleurs également véhiculées par les espèces dites"gibiers") : belle exemple de lutte en effet !!

Doublement à propos quand on lit les pages du Journal des Piégeurs (consultable ici). Les mots nous manquent, c'est simplement révoltant. Dans l'article on apprend que les piégeurs de Seine-et-Marne ont d'abord tout fait pour tuer la fouine, et seulement ensuite ont bouché le trou...

On tue d'abord et on réfléchit après !

La couverture de ce magazine est également scandaleuse en mettant en scène des enfants. Ce ne sont pas là des images de protection de la nature...


mardi 13 mars 2012

Dans les cartons de la CABA : des remontées mécaniques dans le cirque de Mandailles


Dans un article récent de La Montagne, nous avons appris que la CABA a décidé d'étudier la réalisation d'une zone d’accueil touristique sur la zone de Mandailles. 

Les cols de Cabre, de Rombières et le buron du même nom sont en effet des merveilles du volcan cantalien.

Sous couvert de tourisme de pleine nature, le cirque de Mandailles risque d'être complètement massacré par la présence de ces remontées mécaniques. La part des aménagements ayant pour but de canaliser les randonnées sur des itinéraires équestres nous semble raisonnable. En revanche les remontées mécaniques sont parfaitement inutiles et très impactantes pour l'environnement et le paysage.

Nous n'avons pas le droit de laisser défigurer irréversiblement ce site aujourd'hui grandiose par des aménagements mécaniques qui lui enlèveraient tout son attrait. Les Monts du Cantal ont déjà payé un lourd tribu aux erreurs d'un développement économique mal pensé : la station verrue du Lioran en est malheureusement le vivant exemple.

Par ailleurs, ne nous cachons pas de l'incapacité récurrente de faire fonctionner la zone nordique du grand tournant faute de neige. Miser sur l'or blanc dans notre département est un leurre climatique et dans ces conditions, la soi disant création d'emplois débouche tôt ou tard sur le chômage. Les touristes déçus ne reviennent plus.  Ces remontées se révèlent donc inadaptées à nos stations de moyenne montagne.

Il est urgent de dire non à ce projet qui sacrifie l'intérêt général et durable aux intérêts particuliers et momentanés de ceux qui ne se préoccupent que du court terme, leurs propres postes étant assujettis aux fonds Leaders. Les impacts négatifs seront sans commune mesure avec les bénéfices attendus.

Une lettre a été envoyée pour demander aux élus d'avoir le courage (en ces temps troublés d'élection) de s'opposer à ces projets à courte vue aussi inutiles que néfastes.

Il est en effet possible de repenser le développement économique de nos régions en tenant compte de ses particularités plutôt qu'en s'alignant sur ce qui se fait ailleurs.

La véritable ambition est celle de garder son authenticité au cirque, ce que rechercheront plus que jamais nos concitoyens des prochaines années dans un monde où tout devient mécanique et artificiel.

mardi 28 février 2012

A quoi servent les écolos et les naturalistes ?

 
Certains s'interrogent sur l'utilité  des  écolos ? 
Le scoop de la paysannerie: ils servent de bouc émissaire

En cliquant ici, l'éditorial signé par G Bros (président de la chambre d'agriculture) et paru dans la Haute Loire paysanne du 24- 02.

Cette prise de position est d'autant plus navrante que le 3 février dernier, M. Bros a été décoré Officier dans l’Ordre National du Mérite (Source: La Haute-Loire Paysanne  le 08 février 2012 ). Une personne qui compte donc pour le monde agricole. Il a même présidé la commission du conseil économique et social de la région Auvergne (CESER), sans oublier sa présence au conseil économique et social national. Et la liste s’allonge avec ses responsabilités à l’assemblée permanente des chambres d’agriculture.

C'est édifiant....!

En lisant ce genre d'article, on prend une claque et on retourne 50 ans en arrière. 50 ans de prise en compte de l'environnement, d'amélioration de la qualité de vie, de l'air, de l'eau. Les rappaces, pour ne citer que ce cas, ont été sauvés du tir de destruction que grâce à leur statut d'espèces protégées. Toutes ces avancées environnementales et plus largement sociétales que M. Bros ne voit pas...

On ne peut que se sentir ragaillardi dans nos convictions, notre détermination pour qu'enfin la prise en compte du vivant soit à sa juste place.

L'autre enseignement du cas de M. Bros est "qu'on n'est pas encore sorti de l'auberge !"
Bon sang que le chemin nous semble encore long !



dimanche 19 février 2012

Un téléphérique Mandailles / Rombière ? Non merci !

Prochainement, nous vous présenterons le nouveau projet délirant de la CABA.

Lacharem pas !!
Et oui, c'est ici que se situe le drame ...

lundi 30 janvier 2012

C'est pas nous qui le disons ...

Oiseaux, papillons et flore alpine rattrapés par le réchauffement en Europe


Les oiseaux et les papillons européens s'adaptent au réchauffement climatique en remontant vers le nord, mais pas suffisamment vite pour compenser l'augmentation des températures moyennes, démontre pour la première fois une étude publiée dimanche. (© AFP)

PARIS (AFP) - Les oiseaux et les papillons européens s'adaptent au réchauffement climatique en remontant vers le nord, mais pas suffisamment vite pour compenser l'augmentation des températures moyennes, démontre pour la première fois une étude publiée dimanche.

Camarine noire sur les Monts du Cantal. Relique glaciaire menacée par le réchauffement.

Une étude similaire, publiée également dimanche par la revue britannique Nature Climate Change, relève en outre que le réchauffement est en train d'altérer profondément la végétation alpine sur tout le continent.

En une vingtaine d'années (1990-2008), les températures moyennes ont augmenté en Europe d'environ 1°C, ce qui revient à un décalage des températures vers le nord équivalent à 249 kilomètres, souligne l'étude menée par le biologiste français Vincent Devictor du CNRS de Montpellier.

Régime alimentaire, stratégies migratoires, types d'habitats et autres spécialisations écologiques sont souvent très dépendantes du climat, et le réchauffement en cours a un impact notable sur de nombreuses populations animales.

La réponse des papillons à ce changement climatique a été un glissement vers le nord également, mais avec un retard accumulé sur cette période de près de 135 km sur les températures.

Un retard encore plus marqué pour les oiseaux, avec un décalage de 212 km, relève dans un communiqué le Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN) de Paris, pour lequel Frédéric Jiguet a coordonné l'étude sur les oiseaux.Pour le Muséum, cela "illustre à quel point les changements climatiques réorganisent rapidement et profondément la composition de la faune en Europe, avec d'inquiétants décalages dans la réponse des différents groupes d'espèces" qui pourraient profondément modifier les interactions entre ces espèces.

Fruit d'une collaboration sans précédent entre de nombreux chercheurs européens, cette étude a observé l'impact du changement climatique sur 9.490 communautés d'oiseaux et 2.130 communautés de papillons dans différents pays (France, Royaume-Uni, Espagne, Pays-Bas, Suède, Finlande et République tchèque).

Ces chercheurs ont bénéficié des données récoltées par des milliers de naturalistes bénévoles de différents réseaux, totalisant plus d'un million et demi d'heures passées sur le terrain depuis plus de vingt ans pour compter papillons et oiseaux, souligne le MNHN.

Une tendance similaire apparaît pour la flore alpine, qui n'est toutefois pas en mesure de s'adapter aussi bien et vite que les animaux, selon une étude dirigée par l'Académie des Sciences autrichienne et l'Université de Vienne.

Une équipe de botanistes de 13 pays ont analysé 867 échantillons de végétation provenant de 60 grands sommets européens, d'abord en 2001 puis en 2008. La comparaison des résultats suggère que, à l'échelle du continent tout entier, les plantes traditionnelles des climats alpins froids sont en train d'être évincées par des plantes adaptées aux régions plus chaudes.

"Nous nous attendions à trouver un nombre plus important de plantes aimant la chaleur à des altitudes plus élevées, mais pas à découvrir un changement aussi marqué dans un laps de temps si court", explique dans un communiqué Michael Gottfried, du programme GLORIA qui a coordonné l'étude.

"De nombreuses espèces adaptées au froid sont littéralement en train de déserter les montagnes. Dans certains sommets de basse montagne européens, on pourrait voir disparaître dans les prochaines décennies les prairies alpines au profit d'arbustes nains", met-il en garde.
© 2012 AFP

Autant d'éléments qui militent pour réduire nos déplacements et plus globalement nos rejets de CO2.

Les voyages en vélo de randonnées sont à moindre coût un mode de déplacement et de découverte extraordinaire et respectueux de l'environnement (photo T. Darnis).