Phase 1 : la face cachée : lancement du projet.
Afin
d’assurer son développement, la société CARRIERE MONNERON
envisage d’ouvrir une nouvelle carrière d’exploitation de
basalte au début des années 2000. Elle met son dévolu sur le site
de Chanzac, commune de Sainte Anastasie où se situe une ancienne
carrière dont l’exploitation artisanale s’est arrêtée depuis
plusieurs dizaines d’années. C’est à cause de ce choix que le
bas blesse, d’autant que le carrier veut maintenir son activité de
concassage sur le site actuel : Laval, sis sur la commune de
Neussargues à 7 km de Chanzac.
Phase
2 : les concertations : une intransigeance certaine du
pétitionnaire
Le
projet est dévoilé tardivement au public à la fin de 2005 :
un projet sur 14 hectares (situé à moins de 150 mètres des
premières maisons de Chanzac !), portant sur une exploitation
de 210 000 tonnes par an. Volume transporté, une première
fois, sur les 7 km qui séparent Chanzac de Laval sur la route
départementale 679 qui traverse le bourg de Sainte Anastasie
multipliant au moins par 4 le nombre de véhicules lourds devant
traverser le village. Ce projet porte à 3 le nombre de carrières
d’extraction de basalte dans la vallée de l’Allanche qui est
pourtant située dans le PNRVA et qui est classée en ZNIEFF de type
1 pour la richesse de sa biodiversité et la présence de plusieurs
espèces protégées. Quatre mois après la présentation aux
habitants, la société CARRIERE MONNERON dépose sa demande en
préfecture. La population portée par une association(1)
(BVSA) soutenue par la FRANE, réagit très fortement. Un épais
dossier est fourni au Commissaire Enquêteur (CE) lors de l’enquête
publique qui se déroule en mai-juin 2006, finalement le CE donne un
avis favorable tout en reconnaissant que la traverse du bourg pose de
nombreux problèmes de sécurité auxquels il faudra remédier.
L’opposition au projet est très active, de nombreuses actions sont
menées, les élus et les services de l’état sont rencontrés
(DREAL, Préfet,…). Une période de concertation (2 années)
s’engage afin de trouver des solutions (utilisation de la voie
ferrée désaffectée, recherche d’un autre site, …), sans
succès.
Malgré
l’avis favorable de la commission carrière, le
préfet du Cantal refuse le 4 septembre 2008 à la société CARRIERE
MONNERON, l’autorisation d’exploiter une carrière sur le site de
Chanzac.
Phases
3 : des décisions de justice à rebondissement
3-1
La société CARRIERE MOMMERON fait recours auprès du Tribunal
Administratif de Clermont-Ferrand de la décision du préfet. Le
TA de Clermont-Ferrand lui donne raison le 5 mai 2009, estimant que
le refus n’était pas assez argumenté et donne l’ordre au préfet
de reprendre un arrêté mieux argumenté.
3-2
Le préfet prend un arrêté le 10 juillet
2009 autorisant la société CARRIERE MONNERON à exploiter une
carrière de basalte sur le site de Chanzac.
Cette décision est prise alors que le préfet a connaissance de la
présence de deux espèces végétales protégées sur l’emprise de
la carrière : l’Orchis punaise (protection nationale) et la
Carline à feuilles d’acanthe (protection régionale). De façon
surprenante, la DREAL présente à la commission carrière, donne un
avis favorable au projet en l’état, alors qu’elle n’ignore pas
la présence des stations d’espèces protégées qui disparaîtront
lors de la première phase d’exploitation. Le carrier s’empresse
à prendre possession des lieux, les premiers camions circulent en
septembre.
3-3
L’association BVSA s’associe à la commune de Sainte Anastasie
pour faire un recours de la décision du préfet, auprès du TA de
Clermont-Ferrand. Parallèlement, des propriétaires voisins du site
d’exploitation font la même démarche. Ce
recours aboutit à l’annulation par le TA de Clermont-Ferrand, de
l’arrêté d’autorisation le 16 juillet 2010.
Trois moyens dont soulevés :
- La faiblesse de l’étude d’impacte qui ignore l’activité de concassage sur le site de Laval,
- La présence d’espèces protégées ignorées par le préfet,
- Le projet est de nature à rompre l’unité de la ZNIEFF.
Le
carrier arrête l’extraction mais maintient son activité durant
plusieurs mois en transportant les quelques milliers de tonnes qu’il
avait arrachées à la falaise à coup de dynamite alors qu’il
connaissait la décision de justice, mais qu’il n’avait pas
encore reçu l’assignation !
3-4 La société CARRIERE MONNERON fait appel de la décision du TA
auprès de la Cour Administrative d’Appel de Lyon. Appel
rejeté le 24 avril 2012.
En effet, la CAA de Lyon a basé son rejet sur l’absence d’étude
d’impact cumulée (Chanzac et Laval), qui était obligatoire du
fait de leur proximité et connexité (article 3 du décret n°77-1133
du 21 septembre 1977).
La société
CARRIERE MONNERON ne dispose pas d’autorisation d’exploiter le
basalte de Chanzac.
Sur
ces dix années, plus de cinq auraient du être consacrées à
rechercher une solution plus respectueuse de l’environnement humain
et du milieu naturel. Certains à la commission carrière avaient
préféré baisser les bras, d’autres ont fait passer l’intérêt
d’un industriel avant l’intérêt des habitants de toute la
vallée de l’Allanche. La prise en compte des arguments des uns et
des autres est longue mais aurait abouti à un consensus qui aurait
pu éviter un tel gâchis !
(1)
BVSA
est membre de la FDANE
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