mardi 18 février 2014

La RD 617 véloroute ou autoroute ?

Dans le thème de la consommation irraisonnée de l'espace voici un bien bel exemple de rendez-vous manqué.

Il se passe des choses inquiétantes sur le tracé de ce qui devrait être la véloroute n°74  "vallée du Lot-Puy Mary", dans le secteur entre Aurillac et la vallée du Lot.

Un cahier des charges des Véloroutes et Voies Vertes a été rédigé et définit les normes de réalisation des véloroutes et des voies vertes.

On pourrait donc penser que cet itinéraire classé dans le Schéma National des Véloroutes est solidement encadré et respecte le cahier des charges officiel. Ce qui suit va montrer qu’il n’en est rien en ce qui concerne laroute départementale 617.


LE TRACÉ

Sur les 47 km qui séparent le centre d'Aurillac de l'entrée de Saint-Étienne-de-Maurs, les 26 km entre Lenseigne et St-Étienne, qui suivent la vallée de la Rance, sont réellement un enchantement : route très étroite, faible circulation et à vitesse réduite du fait du tracé, donc sécurité presque totale, paysage magnifique. Le revêtement a été refait en enrobé. C'est une route idéale pour la pratique du vélo.Cet itinéraire constitue la meilleure solution pour aller d'Aurillac à Maurs, en ce qu'il évite d'emprunter la RN 122 dangereuse pour les cyclistes, et en ce que son tracé est plus facile et le cadre bien plus intéressant.
Signe qui ne trompe pas, les cyclistes étaient nombreux sur cette route, bien avant que le Conseil Général ne décide de l'inclure dans la véloroute "vallée du Lot-Puy Mary.


Il y a quinze ans, l'INTÉGRALITÉ de la route avait cet aspect.

Les aménagements qui se sont faits ensuite, au coup par coup, en ont sérieusement dégradé l'aspect visuel. Ils ont surtout permis une accélération des voitures



Dans le cahier des charges des véloroutes, il est bien précisé qu’on doit privilégier les itinéraires à faible pente, que les bandes cyclables doivent être l’exception et ne sont acceptables que sur des routes à fort trafic sans solution d’évitement, et que si possible, elles doivent être provisoires. Il est dit aussi que toutes les possibilités d’évitement doivent être recherchées.
Ici, on fait tout le contraire :
On augmente les pentes, alors que la route avait le bon profil
On généralise les bandes cyclables. On les crée alors qu’avant les travaux, il n’y en avait nul besoin.



La tranchée du délire, à l'est du hameau de Moinac. 20 mètres de profondeur,
  200 mètres de long !
 

Piste d'accélération avant la plongée dans la tranchée.
Photo prise au niveau du hameau de Moinac.
La route actuelle, qui aurait pu être véloroute, vit ses derniers mois. Déjà, les arbres et les haies ont été abattus.

Les cyclistes qui se laisseront berner par les indications « véloroute » devront rouler sur un désert rectiligne bitumé.

L’aménagement de cette prétendue véloroute est un véritable scandale
La FNAUT, la FDANE Cantal et Vélocité 15 vont s'unir pour demander que l’ancien tracé soit conservé et raccordé, pour servir de passage aux vélos

Merci à la FNAUT pour son enquête. Nous vous renvoyons vers leur dossier complet pour plus de détails.




mardi 4 février 2014

La fête de l'ours

Longtemps en Europe, l’ours fut l’objet d’un culte qui s’étendit de l’Antiquité jusqu’au cœur du Moyen Âge. 
Les peuples germains, scandinaves, et dans une moindre mesure celtes, célébraient la sortie d’hibernation 
de l’ours vers la fin du mois de janvier ou le tout début du mois de février. 
 
 
 
Mais la date faisant l’objet des plus importantes célébrations était le 24 janvier dans la majeure partie de l’Europe.
Il s’agissait du moment où l’ours sortait de sa tanière pour voir si le temps était clément. Cette fête était 
caractérisée par des déguisements ou travestissements en ours, et des simulacres de viols ou d’enlèvements 
de jeunes filles.
 
Fête de l'ours dans les Pyrénées atlantiques
 
L’Église catholique chercha pendant longtemps à éradiquer ce culte païen. Pour ce faire, elle institua la Fête de la
Présentation de Jésus au Temple qui est célébrée le 2 février et qui correspond à la Fête de la Purification de la
Vierge Marie.
 
Cependant, les célébrations de l’ours et du retour de la lumière continuaient lors de feux de joie et autres
processions de flambeaux. Le pape Gélase Ier institua donc au Ve siècle la fête des chandelles. 
 
Du XIIe au XVIIIe siècle, la chandeleur fut appelée « chandelours » dans de nombreuses régions (notamment Alpes,
Pyrénées, Ardennes) où le souvenir du culte de l'ours était encore très présent.

Il est indéniable qu’il subsista longtemps des cultes païens en Europe que les souverains chrétiens et les Églises
ont cherché à éradiquer. 
 
Mais pour que « l’hypothèse de l’ours » soit ici éclairante, il faudrait, selon certains, qu’elle soit opérante à Rome
au milieu du Ve siècle, là où la fête de Noël a été fixée au 25 décembre, et à Jérusalem, là où l’usage liturgique
s’est établi de fêter la Présentation. En fait il n'y a pas besoin de cet éclairage, le calendrier chrétien lui-même
s'en chargeant. En effet on y voit que la Chandeleur y est fixée au 2 février, et la Sainte-Brigitte au 1er février
(Brigitt étant le nom de la Déesse celtique, célébrée à date équivalente). Il y a également la Saint-Ours d'Aoste,
la Saint-Blaise (qui signifie « ours »). De plus la Chandeleur est l'ouverture de la période carnavalesque ; or l'ours
est l'animal carnavalesque par excellence.
 
Patrice Hirbec 
 

lundi 3 février 2014

L’écotaxe en sursis, un écolo doit-il s’en réjouir ?

En fin d’année dernière le mouvement dit des bonnets rouges aura eu raison de l’écotaxe. Mobilisés essentiellement en Bretagne, des activistes de tous poils (chefs d’entreprises parmi les plus polluantes notamment dans l’agroalimentaire, élus à double discours, population manipulée…) ont eu raison d’une des mesures phares issues du Grenelle de l’environnement où elle n’avait pourtant pas suscité d’autant d’émoi.

Les environnementalistes qui espèrent depuis des décennies un report de la route vers des modes de déplacement moins impactant  doivent-ils s’inquiéter de ce reniement ou faire contre mauvaise fortune bon cœur ?

L’écotaxe est une redevance payée au kilomètre parcouru par tous les véhicules de plus de 3,5t (quelques exceptions) circulant hors autoroutes payantes. C’est un dispositif fiscal à visée incitative dans le sens quil obligerait les entreprises à privilégier les modes de déplacement les moins polluant (les camions les plus vieux seraient plus taxés, le fait d’être chargé ou non impacte l’écotaxe…) en tablant sur un report modal (vers le rail, le fluvial) ainsi que vers les circuits courts (relocalisation de l’économie).

Il existe un certain nombre de présupposés en faveur d’une écotaxe poids lourds mais aussi beaucoup de craintes quand à son efficacité et à ses finalités.


Hors des autoroutes payantes, aucune redevance, aucun péage ne gêne la cohorte de camions qui circule dans notre pays extrêmement bien situé sur les routes commerciales de l’Europe (façade maritime ; flux sud-nord pour les fruits et légumes par ex…). Les conditions d’accès à ce réseau très étendu paraissent illimitées et ne font que renforcer toujours plus l’emprise du tout routier : augmentation du tonnage des véhicules (44 t) réduction de la taxe à l’essieu ont été parmi les derniers cadeaux accordés à la profession (800 M d’euros de cadeaux fiscaux).
Dans le même temps certain des pays qui nous entourent (Allemagne et Suisse par ex.) ont instauré des taxes poids lourds dans l’espoir de faire baisser la pression de ce mode de transport sur leur économie et leur environnement.
Sur les transports transnationaux, déjà marqués par le dumping social, une nouvelle distorsion apparaissait qui voyait les camions (200 000 immatriculés à l’étranger) profiter des routes nationales en France (au détriment de la sécurité des autres usagers) pour engranger des gains en vue de dépenses dans la traversée des pays à écotaxe.

Le transport routier sous tarifé est le bras armé d’une économie mondialisée et on sait pour avoir suivi les débats à ce sujet lors du congrès de France Nature Environnement en mars dernier à Clermont-Ferrand, que sa part n’est pas prêt de diminuer.
En taxant les poids lourds à la distance parcourue et à la tonne, on augmente le prix du transport longue distance, mais est-ce qu’on tend pour autant à rapprocher la production de la consommation ? C’est incertain. En effet le transport reste particulièrement bas dans le coût d’un produit, même augmenté d’écotaxe, de mesures d’atténuation du dumping social (rapprochement fiscal et social des économies européennes…). L’impact de l’écotaxe sur un bien de consommation serait de l’ordre de 0,1 à 0,4% (FNE lettre du hérisson n° 252). On peut douter que cette « augmentation » soit de nature à modifier le comportement des chargeurs et des routiers !
L’objectif à atteindre via la taxe poids lourds pourrait être d’ambition plus mesurée, celle d’un renouvellement du parc  de véhicules au profit d’engins plus économes en carburant et moins polluants, et celle d’une meilleure logistique (optimisation des chargements). Ca ne serait déjà pas si mal étant donnée la gabegie actuelle.
On peut sans doute espérer qu’elle opère, sur une fraction mesurée, une réelle réduction plus qu’un déplacement des flux, mais cela restera probablement marginal, tant que les montants resteront faibles (8,8 à 15,4 centimes le kilomètre) et que de nombreuses exceptions demeureront validées (réduction du taux de 30% en Midi-Pyrénées et Aquitaine, de 50% en Bretagne –avant les manifestations !).
 
Le principe d’une taxe « à l’aveugle » est aussi de nature à inquiéter l’environnementaliste. Le débat sur le principe du pollueur payeur qui semble avoir les faveurs de la mouvance écolo est-il suffisamment débattu ? Sait-on qu’il entraine les concepts de « droits ou permis de polluer » ? qu’il porte peut être en germe l’idée d’une individualisation des problèmes et des solutions, qui verrait des clients ne payer que ce qu’ils consomment ou utilisent plutôt que des usagers qui financent un service mutualisé ? Cette question préoccupe déjà les acteurs du déchet,un domaine où il serait tentant d’instaurer un système où on ne paierait qu’au poids de ses ordures et non à leur qualité ou au niveau de tri effectué (ce qui n’est pas toujours corrélé) avec toutes les dérives qu’on imagine pour se soustraire au paiement (décharges sauvages…).
Le parallèle est tentant entre ces deux cas de taxe et de nécessité de changer les comportements sinon les mentalités.
Sur ces différentes approches, il faut avoir peu d’esprit critique pour ne pas constater que notre fédération nationale  verse un peu trop schématiquement (voir dogmatiquement) vers des approches économiques et surtout fiscales dans la résolution des questions environnementales. Il appartient aux militants de faire savoir que ces orientations les interrogent.

Au-delà des grandes intentions, une taxe est avant tout une recette qu’il convient d’utiliser. L’écotaxe est fléchée (on a beaucoup parlé du contrat de redevance mais c’est l’arbre qui cache la forêt) vers la modernisation des infrastructures de transports, dont les routes qui malheureusement n’en ont pas été exclues. L’addiction à la bagnole, les discours sur l’enclavement, l’énorme besoin d’entretien d’un réseau pléthorique ne font douter personne que l’essentiel des fonds récoltés via l’écotaxe auraient servis à la route (et non au fleuve ou au rail).

 Sur les 1,5 milliard d’€uros qui devaient être perçus (ce qui donne une idée de la circulation routière) 750 M devaient aller à l’Agence de Financement des Infrastructures de Transport et 150 M d’€uros aux collectivités locales.
On comprend mieux le bel unanimisme politique qui avait prévalu à l’adoption de l’écotaxe suite au Grenelle. Moins pourquoi il a volé en éclat à l’apparition de quelques bonnets rouges !
Comment ne pas être confondu lorsque quelques caciques départementaux dont les groupes politiques ont pourtant voté sa mise en œuvre, ont crié avec les loups en appelant à exonérer l’économie cantalienne de cette « taxe écolo » au prétexte sans cesse répété que « nous subissons des handicaps », que « notre enclavement nous dessert suffisamment »…
Ainsi, le sénateur de l’ouest cantalien qui fait depuis 40 ans son antienne du « désenclavement » routier, aérien, n’a-t-il point lu un récent rapport sénatorial qui concluait qu’il manque 50% du budget prévu à l’Agence de Financement des Infrastructures de Transport, au vu des (trop) nombreux projets de routes, ronds-points, rocades demandées par tous les élus locaux ?
Il aurait sans doute du pour éviter de découvrir bien tardivement que l’Etat n’a pu boucler le financement de la déviation de la RN 122 au sud d’Aurillac (dont les travaux avaient été sous-estimés de 18M € pour en masquer l’inanité sans doute ?!) et que cette opération tant attendue des soit disant « forces vives » était suspendue à la mise en place de l’écotaxe honnie !

Alors oui sans doute peut-on trouver motif à se féliciter de la probable disparition de l’écotaxe si elle entraine avec elle les travaux si destructeurs de nos écosystèmes parmi lesquels la rocade de Saint-Flour, la déviation sud-ouest de Vichy, le contournement de Cournon…des projets qui vont tous à l’encontre d’un report du tout routier vers des modes de déplacement plus vertueux.

J.Bec
FDANE Cantal

Vive les forêts mâtures et les vieux arbres !

Une étude de Nature (1) contredit le postulat selon lequel les vieux arbres contribueraient moins à la lutte contre le réchauffement climatique que les jeunes plantations ...

Un virage à 180 degrés. 

Alors que jusqu'ici, le postulat voulait que les vieux arbres contribueraient moins à la lutte contre le réchauffement climatique, une étude publiée cette semaine révèle qu'au contraire plus un arbre est vieux, plus il capture du dioxyde de carbone dans l'atmosphère pour continuer à croître.

Les résultats des travaux sur l'impact des forêts sur le réchauffement climatique, publiés dans Nature, indiquent que sur plus de 400 types d'arbres étudiés, ce sont les spécimens les plus vieux et donc les plus grands de chaque espèce qui grandissent (2) le plus vite et qui absorbent ainsi le plus de CO2. «C'est  comme si pour des humains, la croissance s'accélérait après l'adolescence au lieu de ralentir», a résumé Nathan Stephenson, l'un des auteurs. Les arbres absorbent le CO2 de l'atmosphère, le principal gaz à effet de serre, et le stockent dans leurs troncs, leurs branches et leurs feuilles (3).

Sapin décomposé en forêt de Saint-Paul-de-Salers abritant une faune et une flore insoupçonnées


Un rôle de puits de carbone

Les forêts jouent ainsi un rôle de puits de carbone, mais jusqu'à quel point elles ralentissent le réchauffement fait débat. «Nous savions déjà que les forêts anciennes stockaient plus de carbone que des forêts plus jeunes», explique Nathan Stephenson. Mais, poursuit-il, «les forêts anciennes ont des arbres de toutes tailles et il n'était pas clair lesquels grandissaient le plus vite, capturant ainsi le plus de dioxyde de carbone».

Cette étude apporte une réponse claire à cette question: «pour réduire le dioxyde de carbone présent dans l'atmosphère, c'est mieux d'avoir davantage de gros (et donc vieux, Ndlr) arbres», résume le chercheur.

«Cette connaissance va nous permettre d'améliorer nos modèles pour prévoir comment les changements climatiques et les forêts interagissent», a souligné Nathan Stephenson.

Vieille hêtraie-sapinière du Cantal


Les plus vieux et plus grands arbres de la planète se meurent.


Près de quarante chercheurs ont participé à cette étude, qui a analysé des données remontant jusqu'à 80 ans en arrière et portant sur 670.000 arbres de 403 espèces différentes existant sur tous les continents.


1 La revue « Nature » est une des revue scientifique du plus haut niveau international

2 « Grossissent » plutôt
3 N’oublions pas que le sol en stocke encore plus ! D’où l’intérêt des vieilles forêts