- Il avait rasé à blanc des arbres centenaires lors d'un élagage de haies. Un agriculteur d'Eure-et-Loir est
- condamné à verser 170 000 €, pour préjudice environnemental.
d'intimidation. Depuis plusieurs mois, ce propriétaire terrien, également maraîcher bio, affronte l'hostilité
d'une partie du milieu agricole. Sa faute ? Il a fait condamner un éleveur de bovins, qui exploite 12 ha de
ses terres, à lui verser 170 000 € après un brutal élagage de haies.
Arbres centenaires
« Un simple entretien », justifient l'éleveur et ses défenseurs, les Jeunes agriculteurs et la FDSEA
d'Eure-et-Loir. « C'était un abattage de 178 arbres autour de la parcelle et notamment sur une haie
de 120 m, s'insurge Philippe Neveu. Des arbres centenaires, qui mesuraient jusqu'à 1 mètre de
diamètre, ne vont pas repousser. Ils formaient des allées couvertes. Il ne reste plus que quatre
trognes... »
Pascal Trécul, l'agriculteur auteur du brutal élagage, avait pourtant signé un bail stipulant qu'il devait garder les
haies en l'état. Mais, souvent parce qu'elles sont vécues comme une gêne à l'activité agricole, la tendance à
l'arasement est forte. « L'abattage des arbres lui a aussi permis de dégager un stock de cinquante
stères de bois. À 50 €, le stère, faites le calcul. » Dans le Perche, des kilomètres de haies, utiles à la
biodiversité, ont déjà disparu.
Sur 220 m, dont 120 m de haies, 178 arbres centenaires ont été rasés à blanc. Un préjudice environnemental
évalué à 125 000 € par la Cour de cassation. | Photo: Ouest-France
Une atteinte au paysage
Pour empêcher un arrachage, la haie doit avoir été classée dans un plan local d'urbanisme communal ou
intercommunal. « Peu de communes y ont recours », reconnaît Jean-Pierre Gérondeau, président du parc
naturel régional du Perche.
Mais, le 1er octobre, la Cour de cassation a frappé fort en reconnaissant à Philippe Neveu un préjudice
environnemental. Les juges ont évalué l'atteinte au paysage à 125 000 €. Ils ont repris l'évaluation d'un expert
de l'Office national des forêts.
Bail résilié
Avec les coûts de remplacement, les frais et dépens du procès, le fermier a été condamné à un total de
170 000 €. Un record. Son bail a aussi été résilié. « C'est une mesure de sauvegarde, car les autres
prés de la ferme sont aussi bordés de 120 trognes centenaires... », rappelle Philippe Neveu.
Mais la guerre n'est pas éteinte. Le profil de Philippe Neveu agace : un néorural qui exploite, certes, les terres
de ses aïeux, mais un diplômé en gestion à Dauphine et agriculteur bio de surcroît... Du coup, la commune
entend refaire le bornage du chemin, pour revendiquer la propriété des haies litigieuses.
Un appel aux dons, relayé sur les réseaux sociaux, a déjà permis de récolter 80 000 € au profit de l'éleveur
condamné.
Guillaume LE DU.
Super intéressant cet article. Merci !!
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